Babylone historique (1.début..)

Étymologie

Le nom de la ville de Babylone provient sans doute du nom pré-sumérien Babulu, que les Akkadiens ont expliqué étymologiquement par bab-ili(m), « la Porte du Dieu », devenu plus tard bab-ilāni, « la Porte des Dieux ». Ce nom a été traduit en sumérien selon le même sens en KA.DINGIR.RA. Les Grecs ont traduit ce nom enBabylon, qui a été repris par la suite par les Européens.

 

Les phases de l'histoire de Babylone et de son développement urbain 

Babylone est mentionnée pour la première fois au xxive siècle av. J.-C., sous le nom de Babil, dans un texte cunéiforme, à l'époque du règne de Shar-kali-sharri, roi de l'empire d'Akkad dont elle fait partie. Mais les plus anciennes traces de peuplement sur le site remontent au néolithique, et des niveaux des époques d’Obeid et d’Uruk ont été identifiés.

La cité est un centre administratif secondaire de l'Empire d'Ur III. La cité n'a pas le prestige de ses voisines du Sud, comme Nippur. Elle ne devient un centre politique important qu'avec l'installation d'une dynastie amorrite au début du iie millénaire av. J.-C..

 

Babylone sous la dynastie amorrite
Le roi Hammurabi de Babyloneface au dieu Shamash, détail de la stèle du Code d'Hammourabi, xviiiesiècle

La dynastie amorrite de Babylone est fondée vers 1894 av. J.-C. par Sumu-abum (1894–1881 av. J.-C.). Son successeurSumu-la-El (1880–1845 av. J.-C.) est le véritable fondateur du royaume babylonien, qui prend sous son règne une certaine importance. Ses successeurs agrandissent le royaume, et sous Sîn-Muballit (1812–1793 av. J.-C.) Babylone devient une puissance capable de rivaliser avec les grands royaumes amorrites voisins que sont Larsa, Eshnounna, Isin et Uruk. Son filsHammurabi (1793 – 1750 av. J.-C.) sait jouer intelligemment son rôle dans le concert international de son temps et cette première dynastie babylonienne ne devient puissante que sous son règne. Après une première partie de règne peu fructueuse, il parvient à subjuguer les royaumes qui l'entourent : Larsa, Eshnunna, puis Mari. Il se désengage aussi de la tutelle de l'Élam. Babylone devient alors la plus grande puissance politique de Mésopotamie.

Le site de la ville est un peu excentré par rapport aux autres capitales anciennes et futures de la Mésopotamie Agadé (Akkad),Eshnunna, Séleucie, Ctésiphon et Bagdad. Cependant il est proche de l'endroit ou le Tigre et l'Euphrate sont peu éloignés l'un de l'autre. Cela apporte la présence d'un fort réseau de voies d'irrigation et partant de là une forte productivité des terres agricoles. Enfin, après l'époque de Hammurabi le sud de la Mésopotamie voit une forte dégradation de sa situation démographique et économique, pour des raisons qu'il est encore difficile à élucider. C'est alors que de grandes métropoles telles Ur, Nippur, Uruk ou Larsa sont abandonnées pour de longues périodes au profit d'autres villes notamment Babylone au cœur d'une zone agricole prospère. Babylone récupère ainsi les forces vives de ces villes et intègre leurs traditions culturelles et religieuses.

Le paysage urbain de la Babylone du iie millénaire av. J.-C. n’est connu que par des textes, les niveaux anciens étant encore recouverts par ceux de la Babylone du ier millénaire av. J.-C., et souvent noyés par la nappe phréatique. Dès sa fondation la ville s'étend sur les deux rives de l'Arahtu un bras alors secondaire de l'Euphrate avant d'en devenir le lit principal au ier millénaire av. J.-C. Sur la rive droite se trouvait un parc, appelé « le jardin de l'abondance ». La partie orientale de la ville, sur la rive gauche, était nettement plus étendue. Au nord de cette partie de la ville se trouvaient les quartiers royaux avec au centre le palais royal, édifié par Sumu-la-El. Sous le règne de Hammurabi la population du palais s'est fortement accrue car les rois amorrites avaient pour tradition en cas de victoire d'emmener la population féminine du harem du souverain vaincu. Cela dit, cette population proche du souverain reste peu connue. Par les archives de Mari, nous savons que le palais de Babylone à l'époque amorrite est conçu avec une seule grande porte permettant de filtrer les entrées et comporte plusieurs bâtiments répartis autour d'une large cour arborée. On sait également que Samsu-iluna, successeur de Hammurabi, a construit un nouveau palais.

Au centre de la partie orientale de Babylone se trouve le temple de Marduk, l’Esagil, qui est déjà bordé par sa ziggurat, Etemenanki. L’autre grand temple de la Babylone amorrite était consacré à la déesse Ishtar. Au sud se trouvaient les quartiers commerciaux qui servent de quartiers résidentiels aux notables et aux commerçants, les seuls niveaux paléo-babyloniens de la ville à avoir été fouillés, et où ont été retrouvées des archives privées, datant des règnes de Samsu-iluna et de ses successeurs.

Le règne de Samsu-iluna (1749–1712 av. J.-C.), est marqué par de nombreuses révoltes qui affaiblissent son royaume. Les rois suivants voient leur territoire se désagréger sous l'effet de révoltes, d'attaques de peuples ennemis, en premier lieu les Kassites mais aussi les Hourrites, le tout dans un climat de crise agraire.Samsu-ditana (1625–1595 av. J.-C.), dont le royaume ne comporte plus que les environs immédiats de Babylone, rentre finalement dans un conflit contre le roihittite Mursili Ier, qui réussit en 1595 av. J.-C. un raid sur Babylone. La ville est pillée et la dynastie amorrite disparaît.

 

La période kassite

Après le déferlement des Hittites sur Babylone, les Kassites, venant du Nord, Nord-Est, s'installent à Babylone et fondent leur dynastie par Agum. La date et les conditions exactes de cette prise du pouvoir nous sont inconnues, les premières décennies de la dynastie kassite nous étant inconnues. Vers 1500 av. J.-C.,Burna-Buriash Ier assure sa domination sur toute la basse Mésopotamie, puis prend le nom de Karduniash (Babylonie).

On ne sait pratiquement rien de la ville de Babylone sous les rois kassites. C’est peut-être à cette période que se fixe le plan définitif de la cité, avec son plan quadrangulaire, divisé en dix quartiers. L’Esagil reçoit de nombreuses terres en donations, comme l’attestent les kudurrus (stèles gravées) retrouvées pour cette période. Babylone perd un temps son rôle de capitale politique au profit d’une nouvelle fondation, Dûr-Kurigalzu (« Fort Kurigalzu », du nom de son fondateur). Mais elle s’affirme comme capitale culturelle et religieuse de la basse Mésopotamie, et acquiert un grand prestige dans tout le Proche-Orient. Le clergé babylonien cherche de plus en plus à faire de Marduk le plus grand des dieux mésopotamiens.

Au xive siècle av. J.-C., les rois kassites font face à l’émergence d’un ennemi redoutable, l’Assyrie, qui domine la haute Mésopotamie. Commence alors une lutte pluriséculaire entre le Nord et le Sud du pays des deux-fleuves. Ces conflits aboutissent à la fin du xiiie siècle av. J.-C. à la prise et au pillage de Babylone par l’Assyrien Tukulti-Ninurta Ier, qui aurait abattu les murailles de la ville, et qui enlève à son tour la statue de Marduk, ainsi que des textes littéraires, et fait rédiger un grand texte célébrant sa victoire (connu de nos jours sous le nom d’Épopée de Tukulti-Ninurta). Mais il ne peut faire durer sa domination sur la région, qui est alors plongée dans une période très troublée, ce dont commence à profiter un autre voisin de Babylone, situé lui à l’est, l’Élam, qui se trouve géographiquement aujourd'hui en Iran.

Après un rétablissement du pouvoir par les Kassites, ce sont finalement les armées élamites qui investissent à leur tour la Babylonie au milieu du xiie siècle av. J.-C.. Leur roi Shutruk-Nahhunte s’empare de la capitale, la pille, et emporte à son tour la statue de Marduk, ainsi que de nombreux monuments prestigieux des cités de basse Mésopotamie. Son fils Kutir-Nahhunte III est chargé de conserver le pouvoir élamite en Babylonie.

 

La seconde dynastie d’Isin et la période d’affaiblissement de la Babylonie

Shutruk-Nahhunte et son fils disparaissent peu après leur conquête, et leur successeur Shilhak-Inshushinak ne réussit pas à garder pied en Babylonie. Il est chassé du pays par le roi d'Isin (une dynastie locale) Ninurta-nadin-shumi (1132-1127), qui prend le pouvoir à Babylone vers 1130 av. J.-C.. Son successeurNabuchodonosor Ier réussit à envahir l'Élam quelques années plus tard et rapporte de Suse la statue de Marduk.

Le dieu Marduk et son dragon-serpent

La période de la dynastie d’Isin est cruciale pour l’histoire de Babylone, puisqu’elle voit l’aboutissement du processus qui donne la primauté à Marduk sur les autres dieux mésopotamiens, avec la rédaction de l’Épopée de la Création (Enūma eliš), qui narre comment il est devenu roi des dieux. Ce récit fait de Babylone une cité construite par les dieux, et située au centre du Monde, au contact du Ciel et de la Terre (matérialisé par sa ziggurat, dont le nom signifie « Maison-lien du Ciel et de la Terre »).

De cette période date également un document exceptionnel, nommé TINTIR (un des noms alternatifs de Babylone), qui est un texte topographique décrivant l’emplacement des grands temples de la cité, mais aussi des lieux de cultes plus modestes (chapelles, autels), ainsi que tous les lieux marqués par la religion : portes et murailles nommés en fonction de dieux, rivières (divinisées), rues parcourues par des processions. Ce texte participe donc à la consécration de Babylone comme ville sainte. À partir de 1050 av. J.-C., la Babylonie est submergée par les incursions des Araméens, auxquels s’ajoutent plus tard les Chaldéens. Les deux constituent des entités politiques rivales du pouvoir babylonien. La fin du règne de Nabû-shum-libur (1032–1025 av. J.-C.) marque pour Babylone le début d'un certain chaos et de changements dynastiques fréquents, les sources concernant l'Assyrie et la Babylonie se tarissent.

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